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Rhinocéros arctique vieux de 23 millions d’années réécrit l’histoire de la faune terrestre

Chas Pravdy - 02 novembre 2025 06:35

Les scientifiques canadiens ont réalisé une découverte extraordinaire susceptible de révolutionner notre compréhension de l’évolution des animaux fossiles.

Il y a plus de 40 ans, des restes exceptionnellement bien conservés d’un rhinocéros sans cornes ayant vécu dans l’Arctique ont été découverts dans les calottes glaciaires.

Cette trouvaille constitue une avancée mondiale, remettant en question les idées préconçues selon lesquelles de telles créatures sont apparues bien plus tard et dans d’autres régions du globe.Les fossiles appartiennent à une nouvelle espèce — Epiatheracerium itjilik, dont le nom en inuktitut signifie « gel » ou « froid ».

Ils indiquent que cet rhinocéros ressemblait aux rhinocéros indiens modernes (Rhinoceros unicornis), mais était moins connu.

Il s’agit du seul exemplaire de cette espèce découvert à ce jour, ce qui permet aux paléontologues d’obtenir des renseignements précieux sur ses caractéristiques et son écologie.

Le squelette, presque complet, minéralisé mais conservé en trois dimensions, a permis de reconstituer plus de 75 % de ses restes, ce qui est exceptionnel pour un fossile.Les fouilles ont été menées dans un cratère de 23 kilomètres de diamètre, formé par la chute d’une comète ou d’un astéroïde il y a environ la même période à laquelle ce rhinocéros vivait.

La rapide inondation du cratère par l’eau a permis de préserver les restes de façon remarquable, fournissant des indices sur le climat de cette époque.

Les preuves indiquent que la région était beaucoup plus chaude qu’aujourd’hui et soutenait des forêts tempérées composées d’arbres et d’arbustes similaires à ceux que l’on trouve actuellement dans la zone tempérée — notamment sur l’île Devon, au Nunavut, au Canada.Les fossiles ont été découverts pour la première fois en 1986, puis des fouilles ultérieures ont permis de trouver d’autres ossements du rhinocéros arctique.

Les chercheurs ont également retrouvé des restes d’un phoque nageur, Puijila darwini, vivant à proximité.

L’analyse de ces restes montre que Epiatheracerium itjilik était un proche ancêtre des rhinocéros qui peuplaient autrefois l’Europe il y a plus de 23 millions d’années.Les rhinocéros modernes ont fait leur apparition il y a environ 40 millions d’années en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est, se répandant sur tous les continents sauf l’Amérique du Sud et l’Antarctique.

Toutefois, cette récente découverte — la plus au nord jamais enregistrée — suggère que ces animaux ont migré vers le nord via le pont terrestre de l’Atlantique Nord, une ancienne voie de passage à travers le Groenland.

Bien que l’existence de ce pont soit associée à la fin du Crétacé, sa disparition reste sujette à débat.

Certains chercheurs pensent qu’il a disparu il y a environ 56 millions d’années, d’autres que cette voie est restée accessible jusqu’à environ 2,7 millions d’années.Les nouvelles données soutiennent cette dernière hypothèse, car les rhinocéros sont apparus en Amérique du Nord il y a 23 millions d’années, ce qui implique que le pont terrestre était encore en place à cette époque.

Cette découverte met en lumière l’importance des routes terrestres pour la dispersion des espèces et offre de nouvelles perspectives sur le climat et la géologie de notre planète à l’époque préhistorique.

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