Menace pour la démocratie : les conséquences de la réduction des institutions anticorruption en Ukraine
Au milieu de la guerre à grande échelle qui secoue l’Ukraine, le pays doit faire face à des défis qui vont bien au-delà de l’agression extérieure. Il s’agit également de menaces internes qui risquent de saper les fondements de sa souveraineté. Parmi ces risques, l’un des plus préoccupants réside dans la tentative de fragiliser les institutions chargées de lutter contre la corruption. Pour la première fois depuis des années, une impulsion législative rapide est en cours, remettant en question l’indépendance d’acteurs clés comme le NABU et la SAP — des structures essentielles pour lutter contre la corruption à haut niveau et qui ont servi de phares de transparence et de responsabilité. Le nouveau projet de loi, adopté en vitesse et signé par le président, propose des modifications au Code de procédure pénale de l’Ukraine. Son objectif principal est de démanteler ou de réduire considérablement les mécanismes permettant des enquêtes indépendantes et un contrôle effectif sur les hauts responsables, y compris les politiciens, les ministres et même le président lui-même. En conséquence, la capacité à conduire des enquêtes indépendantes sur la corruption au plus haut niveau est sérieusement compromise, ce qui constitue un recul grave par rapport aux standards démocratiques et suscite une inquiétude légitime dans la population, surtout en période de guerre. Un autre point préoccupant est la restriction procédurale concernant la notification des suspects. La nouvelle loi prévoit que seul le procureur général peut notifier des soupçons à des hauts responsables, ce qui concentre cette décision sous le contrôle exclusif de cette figure, dépendante du président, et limite ainsi l’indépendance des organes anticorruption. De plus, la procédure d’accords concernant les crimes de corruption, notamment les infractions graves, est désormais sous le contrôle du procureur général, qui pourrait, en théorie, approuver des arrangements sans l’intervention de la SAP et du NABU. Ceci facilite la protection des responsables corrompus de haut rang et limite considérablement les possibilités de poursuites efficaces. Un autre enjeu crucial concerne la surveillance et le contrôle de la gestion des finances publiques et des ressources de l’État. Dans un pays en guerre, la gestion transparente et efficace de ces ressources est vitale. La réduction de l’autonomie des organes anticorruption peut ouvrir la voie à des abus, des détournements et une mauvaise gestion des fonds publics, surtout en contexte de crise. Le affaiblissement du NABU et de la SAP constitue une attaque directe contre les outils qui ont permis de révéler et poursuivre des affaires de corruption à haut niveau. Leur absence pourrait menacer la base d’une gouvernance transparente et responsable. Enfin, on observe une utilisation politique des accusations concernant des liens avec la Russie ou des territoires occupés, souvent utilisées comme instruments de répression politique. Ces pratiques sapent l’idée de réintégration et créent un climat de méfiance, au lieu de renforcer l’unité nationale et la sécurité. Selon la Constitution, personne ne peut usurper le pouvoir de l’État. Toute tentative de limiter le contrôle des institutions par le gouvernement, ou de concentrer le pouvoir en quelques mains, constitue une véritable usurpation qu’il faut empêcher. La perte de l’indépendance du NABU et de la SAP priverait les citoyens de mécanismes essentiels pour défendre leurs droits et leurs ressources publiques. Ce projet de loi menace de démanteler une architecture anticorruption construite au fil des années avec le soutien d’experts locaux et internationaux, d’organisations de la société civile et de défenseurs des droits humains. Tout cela survient à un moment où la société ukrainienne, éprouvée par la guerre, a payé un lourd tribut pour préserver la démocratie, la transparence et l’État de droit. Il est crucial de s’opposer à ces réformes pour assurer l’avenir de l’Ukraine en tant que nation libre, démocratique et juste.
