Détention de l’ancien directeur d’Ukrenergo : manifeste politique ou véritable justice ?
Le 28 octobre, dans la région de Lviv, le Bureau national d’enquête ukrainien a arrêté l’ancien directeur de l’entreprise énergétique nationale Ukrenergo, Volodymyr Kudrytskyi.
Cet événement a suscité de vives réactions et un large débat tant dans la sphère politique que dans l’opinion publique.
Après des perquisitions la semaine précédente, les autorités ont inculpé Kudrytskyi d’avoir participé à un schéma frauduleux ayant permis la détournement de près de 14 millions de hryvnias transférés à la société.
Selon les enquêtes, en 2018, Kudrytskyi a signé un contrat avec une société privée pour un montant dépassant 68 millions de hryvnias, dont une partie importante a été illégalement détournée, sans intention de respecter les termes du contrat, puis blanchie.
Par ailleurs, des questions se posent concernant les motivations de ces mesures, certains suggérant qu’il pourrait s’agir d’un instrument de pression politique ou d’un moyen de détourner l’attention d’autres scandales de corruption.
La diplomate Lana Zerkal a exprimé l’idée que ces actions peuvent être une tentative de détourner l’attention d’autres affaires de grande envergure touchant la corruption et des conflits internes.
Elle a souligné que ces investigations, souvent présentées comme des opérations nettoyantes, font partie d’une campagne plus large visant à discréditer les détracteurs du gouvernement, créant ainsi une illusion de lutte contre la corruption tout en dissimulant des problèmes beaucoup plus profonds.
Zerkal a insisté sur le fait que ces efforts policières semblent plutôt relever d’une stratégie de fabrication d’une image d’intégrité irréprochable, très éloignée de la réalité, renforcée par des experts et des blogueurs rémunérés.
Elle a aussi remis en question l’indépendance et l’objectivité de l’enquête, suggérant que cette affaire pourrait faire partie d’un scénario politique pour déstabiliser le système judiciaire ukrainien et ternir la réputation du pays à l’international.
Par ailleurs, cette affaire intervient dans un contexte où d’autres tentatives internationales de faire la lumière sur la corruption dans les hautes sphères du pouvoir, notamment la demande d’extradition d’un ancien général du Service de sécurité ukrainien, suspecté de trahison, en instance devant un tribunal autrichien.
Zerkal conclut que ces démarches visent à donner une image déformée de la justice ukrainienne, servant principalement à des fins politiques visant à déstabiliser le pays et à réduire ses efforts de lutte contre la corruption.
