Réveil de microbes issus du pergélisol terrestre et leur impact potentiel sur le changement climatique

Chas Pravdy - 05 octobre 2025 08:29

Une équipe internationale de scientifiques de l’Université du Colorado à Boulder a réalisé une avancée scientifique sans précédent en extrayant des micro-organismes préservés dans le pergélisol depuis des dizaines de milliers d’années.

Ces microbes, certains datant jusqu’à 40 000 ans, ont été piégés dans des couches de sol gelé, de glace et de roche couvrant près d’un quart de la surface de l’hémisphère nord.

Le pergélisol agit comme une véritable capsule temporelle naturelle, renfermant à la fois des restes de plantes, d’animaux anciens et une diversité impressionnante de micro-organismes figés dans le temps.

La préoccupation majeure des chercheurs concerne ce qui se produit lorsque ces couches de glace fondent à cause de l’accélération du changement climatique.

Lors du dégel, ces micro-organismes peuvent se réactiver, former des colonies et influer de manière significative sur le système climatique mondial.

Les études montrent que ces micro-organismes sont encore vivants, capables de décomposer la matière organique et de libérer dans l’atmosphère des gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone et le méthane.

Ce processus pourrait créer une boucle de rétroaction : en fondant, le pergélisol libère des gaz qui contribuent à piéger plus de chaleur, ce qui accélère encore le réchauffement global.

Les experts mettent en garde contre cette spirale potentiellement catastrophique, où la libération de vastes quantités de ces gaz risque d’amplifier le changement climatique de manière imprévisible.

Pour mieux comprendre ces phénomènes, les chercheurs ont effectué une expédition dans un tunnel de pergélisol sous le centre de l’Alaska, d’une profondeur de plus de 106 mètres dans la terre gelée.

Sur place, ils ont détecté une odeur nauséabonde, évoquant une cave oubliée, révélant une activité microbienne intense.

Ils ont extrait des échantillons datant de milliers à dizaines de milliers d’années, qu’ils ont analysés en laboratoire, en les humidifiant et en les incubant à des températures simulant l’été arctique.

Un aspect crucial de l’étude a été l’utilisation d’eau avec deuterium, un isotope lourd de l’hydrogène, permettant d’observer la façon dont les microbes absorbent l’eau et construisent leurs membranes cellulaires.

Au début, la croissance des colonies était lente ; néanmoins, après plusieurs mois, certaines ont formé des biofilms visibles à l’œil nu.

Bien que ces microbes ne soient pas une menace immédiate pour l’être humain, leur activité indique qu’en conditions réelles, ils pourraient devenir très actifs en quelques mois, libérant d’importantes quantités de gaz à effet de serre.

Ces résultats soulignent que chaque été arctique pourrait accélérer le changement climatique par l’activité microbienne, libérant la totalité du carbone piégé dans le pergélisol, ce qui pourrait provoquer une rétroaction désastreuse pour la planète.

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