L’Ukraine a besoin d’une réponse européenne accélérée concernant les réparations russes face à la guerre prolongée

Chas Pravdy - 03 octobre 2025 03:34

Depuis le début de la invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie l’année dernière, le pays se trouve en situation de besoin urgent de ressources financières pour stabiliser son économie et renforcer ses capacités de défense.

La position la plus vulnérable et critique dans cette lutte concerne les actifs russes gelés conservés dans les banques et institutions financières européennes, notamment au sein d’Euroclear, qui joue un rôle clé dans la gestion et la règlementation des actifs.

Ces fonds représentent une source cruciale de financement en période de crise, mais leur montant actuel ne suffit pas aux 65 milliards de dollars prévus par le Fonds monétaire international (FMI) pour maintenir l’économie ukrainienne à flot jusqu’en 2027.

Historiquement, les autorités occidentales hésitaient à confisquer ou à utiliser ces fonds, craignant d’établir des précédents juridiques dangereux qui pourraient leur nuire ou dissuader les investissements étrangers.

De plus, la crainte de poursuites judiciaires de la Russie pour récupérer ses actifs a aussi freiné toute tentative de confiscation.

Cependant, ces dernières semaines ont marqué un tournant notable, dû aux provocations militaires russes contre des pays membres de l’OTAN, ainsi qu’à l’attitude de Poutine refusant d’écouter les appels des dirigeants américains, notamment Donald Trump, à mettre fin à la guerre.

Le 12 octobre, le chancelier allemand Friedrich Merz a proposé une solution créative : le Union européenne pourrait « prêter » à l’Ukraine 164 milliards de dollars – les fonds gelés dans Euroclear – sous la forme d’un prêt sans intérêts, avec l’engagement que la Russie s’acquitterait des réparations de guerre après la fin du conflit.

Cette approche permettrait à Euroclear d’éviter toute responsabilité juridique et rendrait la Russie responsable en cas de refus de payer.

La proposition a été discutée lors du sommet de Copenhague, où les dirigeants européens ont envisagé de renforcer la défense commune et de soutenir l’Ukraine.

Le président Zelensky a rejoint les discussions, soulignant l’urgence d’un soutien financier.

Cependant, la dynamique a été ralentie par des désaccords politiques, notamment avec la Hongrie, qui menace de veto en invoquant le principe d’unanimité.

Si aucun consensus n’est trouvé, certains États membres devront prendre en charge les risques individuellement.

Les analystes estiment que la résolution de cette problématique prendra plusieurs mois de négociations, d’autant plus que l’UE envisage uniquement d’autoriser, en 2024, l’accès à certains pourcentages des actifs gelés.

Pendant ce temps, les États-Unis ont quasi complètement mis fin à leur engagement direct, laissant à l’Europe le soin de gérer cette situation compliquée.

La Russie menace aussi d’entamer des poursuites judiciaires contre les pays impliqués dans ce qu’elle qualifie de « vol » de ses actifs.

Par ailleurs, le sénateur républicain John Kennedy a présenté un projet de loi visant à confisquer les avoirs russes au profit de l’Ukraine.

La notion de crédit à reparations — transformant les actifs gelés en soutien militaire et humanitaire — a déjà recueilli un large accord en Europe et pourrait transformer le rapport de force dans ce conflit toujours actif.

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