La double réalité des réformes des organes de sécurité en Ukraine : illusion et véritables changements

En Ukraine, aujourd’hui, on constate une division nette dans le processus de réforme du système de sécurité et de maintien de l’ordre.
D’un côté, des efforts officiels sont déployés afin de se conformer aux normes européennes et de respecter les engagements d’intégration européenne, mais de l’autre côté, les actions concrètes restent souvent superficielles, donnant une façade de progrès mais sans modifications profondes.
L’expert juridique Yevhen Krapivin analyse cette dichotomie dans son article, soulignant les contradictions flagrantes entre les discours et la réalité.Selon lui, au niveau stratégique — notamment à travers la Feuille de route sur la primauté du droit — l’Ukraine affiche une volonté claire de moderniser ses agences de police et autres organes de contrôle.
Les réformes envisagées incluent la nomination des chefs de police sur la base de concours publics, ainsi que le renforcement des mécanismes de contrôle interne par la mise en place de codes éthiques types, d’évaluations régulières et d’audits systématiques.
Le gouvernement travaille également sur une législation visant à définir et unifier la statut des différentes institutions, pour plus de transparence et d’efficacité.Cependant, dans la réalité politique interne, la situation est toute autre.
La pratique d’assignations, de perquisitions faites sans décision judiciaire par le Bureau national d’enquête, se multiplie, tandis que les critiques des avocats et des défenseurs des droits humains concernant l’inefficacité de ces agences se font de plus en plus fortes.
Par ailleurs, des problèmes de corruption, d’abus et de crimes de guerre entravent la capacité de défense du pays.Cette conjoncture s’aggrave avec la pression exercée par les services de renseignement, notamment l’utilisation de leurs liens avec la Russie et la poursuite de persécutions politiques contre des activistes et retraités ayant exprimé leur opinion sur les réseaux sociaux.
La Police nationale tente de faire passer en procédure formelle les processus de sélection par concours, mais en réalité ces initiatives restreignent la transparence et favorisent la nomination à la tête des institutions selon des critères non transparents.
Les espoirs de réformes importantes s’évanouissent face à la persistance de pratiques néfastes et à l’influence politique ancrée dans le système.Selon des experts européens et ukrainiens, le principal obstacle à la réforme des organs de sécurité et de justice est un problème systémique, au-delà de la simple question de leadership.
Remplacer un individu ne suffira pas à transformer la situation si les mécanismes de fond ne changent pas.
Il est donc essentiel de cibler les causes structurelles plutôt que de se limiter à des démarches cosmétiques, pour atteindre une véritable conformité aux standards européens et retrouver la confiance des citoyens dans leurs institutions.