Nouvelles recommandations du MOE en matière de communication : comment le gouvernement construit la narrative officielle sur les réformes éducatives

Chas Pravdy - 14 août 2025 19:06

Au cours des derniers mois, le ministère de l’Éducation et des Sciences en Ukraine a élaboré un ensemble complet de recommandations à l’intention des experts et spécialistes engagés dans la discussion et la promotion des transformations éducatives.

Ces instructions, qui précisent notamment le ton et les formulations à utiliser, visent à créer un espace d’information unifié et à exercer un contrôle strict sur la communication autour des réformes.

Les documents officiels indiquent clairement les phrases recommandées pour les discours et commentaires publics, comme « Je m’engage parce que j’ai une expertise » ou « Le ministère développe des concepts pour chaque secteur, car le monde change », dans le but de renforcer l’unité et de gérer la narration.Ce qui soulève un débat important, c’est l’absence de directives pour exprimer un désaccord ou une critique.

Oksana Onyshchenko, rédactrice en chef du département Éducation et Science, souligne que le ministère ne conseille pas aux experts « de rester silencieux » ou de présenter des informations uniquement dans le cadre autorisé ; au contraire, tout doit être formulé de façon polie et diplomatique.

Par exemple, il est recommandé que les experts disent « cela dépasse ma compétence » ou « il vaut mieux s’adresser directement à l’équipe qui met en œuvre cette politique », afin d’éviter les jugements négatifs ou les conflits.

Cependant, cette approche limite le rôle de la société civile dans la formation des politiques éducatives.Une partie particulièrement controversée concerne ce que l’on appelle « l’éducation renouvelée ».

Le ministère a préparé un ensemble de phrases types pour aider les experts à interpréter correctement ce concept.

Il s’agit de l’éducation qui développe des compétences plutôt que de simplement transmettre des connaissances, préparant les individus à la vie dans un monde en constante évolution.

Ces recommandations insistent également sur l’utilisation de formulations spécifiques et le marquage du ministère dans les publications sur les réseaux sociaux, ce qui introduit une couche supplémentaire de contrôle.Auparavant, on encourageait les experts à parler de « développements » et de « décisions », mais les nouvelles directives insistent sur le fait qu’il faut attendre que les décisions soient finalisées et publiées pour en discuter publiquement.

Onyshchenko affirme que cela limite considérablement la participation citoyenne et le débat ouvert, poussant la société dans une passivité et supprimant la possibilité d’influencer les décisions lors de leur élaboration.Dans l’ensemble, cette « ligne directrice » indique que la communication officielle est désormais centrée sur la présentation contrôlée et formelle des réformes, ce qui réduit la transparence et l’ouverture.

Ces restrictions créent une illusion de dialogue, alors que le véritable échange critique est presque absent.

Par conséquent, la société risque de rester en dehors du vrai processus de participation aux réformes éducatives, ce qui est pourtant fondamental pour leur succès.

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