L’économie chinoise : potentiel, défis et horizons futurs — une analyse approfondie de la situation actuelle

Chas Pravdy - 03 juillet 2025 08:02

La scène mondiale traverse une période de transformations majeures, où les hégémonies traditionnelles cèdent progressivement leur place à de nouveaux centres d’influence dans un contexte géopolitique et économique en constante évolution. Parmi eux, la Chine se distingue comme un « géant aux pieds d’argile » ou, au contraire, comme un futur leader mondial potentiel. En analysant l’état actuel de l’économie chinoise, il apparaît que le pays se trouve dans une phase de stabilité incertaine, susceptible de changer rapidement sous l’impact de nombreux facteurs internes et externes. En 2024, le PIB chinois s’élève à environ 18,4 trillions de dollars, ce qui représente environ 63 % du PIB américain, qui dépasse 29 trillions de dollars. Cependant, ces chiffres ne disent qu’une partie de la réalité, car l’économie intérieure de la Chine est largement sous-estimée, en partie à cause de manipulations des prix et des taux de change afin de dissimuler la véritable ampleur du PIB, estimée entre 20 et 30 % en dessous des chiffres officiels. Par conséquent, en termes de Parité de Pouvoir d’Achat (PPA), la Chine dépasse désormais les États-Unis pour occuper la première place mondiale. Le point de bascule s’est produit avant la crise financière mondiale de 2007, lorsque le PIB de la Chine représentait environ 3,55 trillions de dollars, soit 24 % de celui des États-Unis. En deux ans, cette proportion s’est améliorée pour atteindre 40 %, et en 2019, il s’élevait à 66 %. Après la pandémie, en 2021, ce ratio a atteint environ 75 %, ce qui donne l’impression que la Chine va bientôt égaler ou dépasser les États-Unis en potentiel économique. Cependant, plusieurs facteurs, tels que la dépréciation du yuan, les crises mondiales et la pandémie, montrent que cette transition est encore en cours et comporte des obstacles importants. L’histoire, de la Guerre froide à nos jours, illustre comment les relations économiques entre la Chine et les États-Unis ont fluctué selon les chocs externes et les politiques internes. La conclusion essentielle est que la Chine a montré une capacité remarquable à renforcer sa position lors de crises majeures, notamment en temps de guerre ou de récession mondiale, tandis que durant les périodes de stabilité ou d’incertitude politique, ses progrès peuvent ralentir. En 2024, la croissance économique chinoise tourne autour de 5 %, bien que cette cadence soit freinée par des défis tels que le déclin démographique, la stagnation de la consommation interne et la baisse des investissements étrangers. Néanmoins, la Chine continue d’investir massivement dans les industries de haute technologie, comme les véhicules électriques, les semi-conducteurs et la robotique, ce qui lui permet de conserver un avantage compétitif dans les chaînes de valeur mondiales. L’investissement dans la production manufacturière et dans les infrastructures augmente, tandis que l’investissement direct étranger (IDE) connaît parfois une baisse dans certains secteurs, obligeant la Chine à explorer de nouvelles sources de capitaux via des obligations d’État et des instruments financiers internationaux. La problématique démographique — notamment le vieillissement de la population — représente un défi majeur, car une main-d'œuvre vieillissante affecte la consommation interne et l’économie dans son ensemble. Aujourd’hui, 61 % de la population chinoise est économiquement active, tandis que 16 % ont plus de 65 ans. La Chine manque d’un système de retraite global, ce qui aggrave la charge financière sur les jeunes familles qui doivent soutenir leurs parents âgés, impactant leur capacité de consommation. Pour y faire face, la Chine pourrait réformer ses politiques sociales, notamment en introduisant des pensions universelles et en stimulant le pouvoir d’achat domestique. La récente enquête démographique montre une augmentation significative du nombre d’entreprises privées et d’emplois dans les secteurs secondaire et tertiaire, avec plus de 33 millions d’entités juridiques et près de 429 millions d’employés, dépassant la population totale de l’UE et des États-Unis réunies, ce qui réfute l’idée d’une surpopulation démographique. En résumé, la Chine ne revendique pas encore une hégémonie totale, mais elle vise clairement une influence dominante en Eurasie, en mettant l’accent sur l’innovation technologique et le développement du marché intérieur, notamment en Asie. Son parcours évoque celui des pays occidentaux il y a un demi-siècle, lorsqu’ils ont amorcé leur transition d’économies basées sur la production vers des modèles centrés sur la consommation. Cette métamorphose intervient dans un contexte où les modèles sociaux occidentaux sont en crise, face à de nouvelles réalités économiques. Tandis que la Chine se prépare à « aller au marché » — c’est-à-dire à renforcer sa position commerciale —, l’économie occidentale semble reculer, marquant un changement dans l’équilibre économique mondial.

Source