La CIA révise son évaluation de l’ingérence russe lors de l’élection présidentielle américaine de 2016 : nouvelles conclusions et controverses sur la fiabilité

Chas Pravdy - 03 juillet 2025 08:41

La Central Intelligence Agency (CIA) des États-Unis a procédé à une révision approfondie de son rapport antérieur concernant l’ingérence étrangère de la Russie lors de l’élection présidentielle de 2016. Selon cette nouvelle analyse, les conclusions antérieures confirmant l’ingérence massive du Kremlin, visant à aider le candidat républicain Donald Trump à remporter la victoire sur la candidate démocrate Hillary Clinton, restent incohérentes quant à leur fiabilité et à la rigueur procédurale. La CIA a également critiqué plusieurs “défaillances procédurales” identifiées lors de l’établissement de l’évaluation initiale, ce qui soulève des doutes quant à la confiance que l’on peut lui accorder. Le rapport révisé indique que, bien que la qualité et la fiabilité de l’analyse classifiée restent incontestables, le degré de confiance dans ses conclusions doit être considéré comme “modéré” plutôt que “élevé”, comme on le pensait auparavant. Cela signifie qu’il existe une plus grande incertitude quant au rôle de la Russie dans l’ingérence électorale. Le président Donald Trump, reconnu pour ses positions ambiguës sur les évaluations du renseignement, avait précédemment rejeté toute ingérence russe, et la version non classifiée du rapport, publiée en janvier 2017, a déclenché un débat politique intense. Après une rencontre avec Vladimir Poutine en novembre de la même année, Trump a exprimé sa confiance dans les dénégations du leader russe, niant toute implication de Moscou. La nouvelle évaluation pourrait remettre en question les affirmations de la direction de la CIA selon lesquelles les conclusions étaient objectives et impartiales. Le directeur de la CIA, John Rétkiff, qui avait déjà siégé au Congrès et dirigé les services de renseignement lors de la présidence de Trump, a été l’auteur et le superviseur de cette analyse. La CIA souligne que ses objectifs principaux étaient d’accroître la transparence et d’assurer l’objectivité, en incluant une section “Leçons tirées” visant à améliorer la pratique analytique et à éviter les erreurs futures. Les analystes ont découvert de nombreuses irrégularités procédurales dans l’élaboration du rapport initial, notamment en raison de délais serrés et d’une implication excessive des hauts responsables, ce qui a entraîné des écarts par rapport aux pratiques standard. Ces problèmes ont compliqué la mise en œuvre de standards professionnels stricts, surtout concernant les jugements les plus controversés de l’évaluation. Toutefois, cette nouvelle analyse maintient que la Russie a utilisé la désinformation et la cyber-campagne pour influencer les électeurs en 2016, conclusion également soutenue par le rapport bipartite du comité du renseignement du Sénat de 2018. Cette révision pourrait mettre le directeur Rétkiff dans une position compliquée, puisque Trump a publiquement disqualifié ces conclusions comme étant une “imposture” et a remis en question la crédibilité de l’ensemble des services de renseignements. Ce contexte met en évidence la tension entre la transparence sur la sécurité nationale et les pressions politiques, soulignant l’importance de disposer d’informations objectives et vérifiées pour des décisions critiques.

Source