Dévoiler le processus neuronal de la prise de décision : comment les neurones anticipent nos choix avant que nous en ayons conscience
Les avancées récentes en neurosciences ont permis de révéler une image fascinante et complexe du fonctionnement du cerveau humain, en particulier des processus qui précèdent notre capacité à prendre des décisions. Grâce à des expériences menées avec des technologies de pointe en interfaces neuronales, les chercheurs ont pu suivre l’activation des neurones bien avant que nous ne soyons conscients de la nécessité de faire un choix. Une étape clé de cette recherche a consisté à étudier l’activité neuronale chez des singes entraînés à reconnaître la couleur dominante sur des images. Pendant ces tests, les scientifiques enregistraient les signaux des cellules nerveuses à l’aide d’électrodes sophistiquées, notamment l’Utah Array. Cette technologie permet d’implanter dans des régions délicates du cerveau, comme le cortex prémoteur dorsal, des grilles flexibles de microélectrodes. Après l’implantation, les singes guérissent et participent à des expériences prolongées où ils doivent identifier la couleur prédominante sur une image, tandis que leur activité neuronale est simultanément enregistrée avec leurs mouvements. Il en résulte que, même avant que le singe ne prenne une décision consciente, les réseaux neuronaux correspondants sont déjà actifs. Cela démontre que la formation de la décision débute au niveau neuronal longtemps avant l’apparition du choix dans la conscience. Tatiana Engel, neuroscientifique de l’Institut de Princeton, compare ce processus à la descente de skieurs d’une montagne : peu importe le moment du départ ou la trajectoire empruntée, tous finiront par atteindre la même vallée, représentant la décision consciente. Cette analogie confirme que pensées et décisions se « descendent » dans le cerveau sous forme d’impulsions neuronales avant même qu’elles ne soient perçues consciemment. Ces découvertes sont essentielles pour mieux comprendre des troubles psychiatriques tels que la schizophrénie ou le trouble bipolaire, en permettant d’identifier des déviations dans les circuits neuronaux qui mènent à des pensées erronées. Les chercheurs envisagent d’approfondir ces processus pour développer de nouveaux traitements et médicaments. Observer comment le cerveau planifie et exécute des actions au niveau neuronale nous donne un aperçu précieux des signaux qui précèdent nos décisions. Par ailleurs, des collaborations internationales, notamment sous la direction de l’Université de New York, ont examiné les interactions entre le cortex préfrontal et l’hippocampe, deux régions impliquées dans la projection d’actions futures et la prévision des conséquences. Ces travaux enrichissent notre compréhension des mécanismes complexes impliqués dans la prise de décision quotidienne, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles avancées dans le domaine des neurosciences et de la médecine.