L’Iran peut rapidement relancer la production d’uranium enrichi — avertit l’AIEA

Chas Pravdy - 29 juin 2025 08:28

Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a fait une déclaration inattendue concernant le potentiel nucléaire de l’Iran : il estime que le pays est capable, en quelques mois, de revenir à la production d’uranium enrichi, malgré la destruction de certains sites à la suite d’une série de frappes de la part des États-Unis et d’Israël. Ces conclusions ont été tirées dans le contexte de la modernisation du programme nucléaire, qui reste à ce jour sous une surveillance étroite de la communauté internationale. Selon M. Grossi, peu importe les frappes subies, les installations nucléaires iraniennes, y compris les centrifugeuses qui produisent de l’uranium enrichi, sont capables de se remettre rapidement en marche et de commencer à fonctionner dans un délai de quelques mois. « Elles disposent peut-être déjà de plusieurs cascades de centrifugeuses en attente de mise en service, ou pourront en lancer très rapidement », a-t-il indiqué lors d’une interview pour CBS News. La question de la conservation des réserves d’uranium enrichi demeure problématique — leur déplacement après les frappes a probablement eu lieu ou est en cours, mais il n’est actuellement pas certain de leur localisation exacte. Selon l’AIEA, l’Iran détient environ 408,6 kg d’uranium hautement enrichi, c’est-à-dire enrichi à un niveau supérieur à 60 %. Ce niveau dépasse celui autorisé à des fins civiles, mais ne permet pas encore de produire une arme nucléaire. Avec un traitement supplémentaire et une amélioration de la purification, cette réserve pourrait, en théorie, suffire à fabriquer au moins neuf bombes nucléaires. Grossi souligne qu’il est actuellement difficile de déterminer où se trouve ce matériau potentiellement dangereux. « Une partie a peut-être été détruite lors des frappes, une autre a peut-être été déplacée. Il faut faire la lumière sur ce qui s’est vraiment passé pour avoir une compréhension claire de la situation », a-t-il affirmé. Du côté du gouvernement iranien, cette semaine a été marquée par des signes de forte tension avec la communauté internationale. Les législateurs du pays ont unanimement voté pour mettre fin à leur coopération avec l’agence et ont refusé l’accès de ses représentants à des sites nucléaires clés, notamment Fordo — le principal site d’enrichissement de l’uranium. Cela inquiète la communauté mondiale, car cela complique les inspections et le suivi de l’état du programme nucléaire iranien. Grossi insiste sur le fait que pour continuer les investigations et confirmer la situation, un accès aux sites est nécessaire, ainsi que la clarification de la localisation des réserves potentielles de matière. « Nous devons pouvoir vérifier ce qui s’y trouve réellement et ce qui s’est passé — sans cela, tout notre travail est remis en question », a-t-il déclaré. Les politiciens ukrainiens et internationaux réagissent à cette situation de différentes manières. Le président américain Donald Trump, commentant le déplacement de l’uranium, a souligné que ses réserves sont probablement restées sur place et n’ont pas été déplacées après les frappes récentes. « C’est très difficile à faire, étant donné que nous avons averti à l’avance des frappes. Je ne vois aucune preuve que l’Iran ait déplacé ses réserves — elles sont restées sur place », a-t-il affirmé dans une déclaration. Un autre facteur important dans cette crise est l’opération militaire israélienne, qui a commencé le 13 juin. L’Armée de l’air israélienne a frappé des sites nucléaires et militaires en Iran, déclarant que c’était nécessaire pour empêcher la prolifération du programme nucléaire iranien et son éventuel transfert vers un potentiel militaire. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abhas Araji, a confirmé que les dégâts sur les sites étaient substantiels, mais il n’a pas divulgué de détails, soulignant que l’Iran reste responsable de la préservation de sa sécurité. Donald Trump a de son côté affirmé que le programme nucléaire de l’Iran est arrêté « pour des décennies », confirmant ainsi la position de l’administration selon laquelle l’activité nucléaire iranienne est désormais irréversible. Cependant, la communauté internationale demeure tendue, cherchant à éviter une escalade supplémentaire du conflit et à maintenir un contrôle sur cette sphère cruciale.

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