Comment survivre émotionnellement pendant les années de guerre : cinq mots clés tirés de notre expérience

Chas Pravdy - 28 juin 2025 17:19

Depuis plus de trois ans, les Ukrainiens vivent dans l'incertitude, dans un état d'épreuves permanentes et d'endurance personnelle. La guerre a changé notre monde à jamais, et nous sommes tous contraints de réfléchir à ce qui nous arrive, à nos sentiments et à nos perspectives de vie. Ayant perdu nombre des éléments essentiels du bien-être – sécurité, stabilité, prévisibilité –, les gens concentrent tous leurs efforts pour s'adapter à la nouvelle réalité et se préserver. Il ne s'agit pas seulement d'un syndrome psychologique, mais d'une profonde crise de vie qui a touché chacun d'entre nous. Dans cet article, je souhaite partager cinq mots qui reflètent les aspects les plus pertinents de notre présent. Ils nous aident à mieux nous comprendre et à comprendre notre environnement, à trouver la force d'avancer même dans les conditions les plus difficiles. Ce ne sont pas de simples mots, mais des clés de survie dans un contexte de guerre qui a bouleversé la vie quotidienne et l'a transformée en un combat de chaque instant. **Le premier mot est « manque ».** La guerre nous a privés de beaucoup de choses : sécurité, paix, stabilité. Des vides qui n’existaient pas auparavant ont envahi notre quotidien. Le plus grand déficit réside dans le sentiment de sécurité. On ne peut pas remonter le temps, on ne peut pas récupérer ce qui a été perdu, mais on peut apprendre à vivre avec ce manque, en cherchant des solutions pour satisfaire même les besoins les plus simples. C’est comme si chacun de nous avait un « handicap » imaginaire : la perte de fonctions qui semblaient auparavant indispensables. Les occasions manquées de rentrer chez soi, d’être avec ses proches, de simplement dormir la nuit ou de traverser la frontière : tout cela appartient au passé. Cependant, c’est l’adaptation, l’ingéniosité et l’entraide qui deviennent nos principaux outils pour surmonter ce « manque » national et personnel. Il est important de ne pas avoir honte de demander de l’aide et d’être prêt à affronter ce vide par des gestes simples, mais significatifs. **Le deuxième mot est « douleur ».** Chaque jour est un mélange d’émotions et d’expériences. Désespoir, anxiété, désespoir, colère, tristesse : tout cela accompagne la vie en temps de guerre. Et même si nous avons parfois envie de les cacher, de faire comme si tout allait bien, ils font partie intégrante de notre existence. Après tout, ce sont eux qui nous signalent que nous sommes vivants, capables d'émotions inattendues et de réagir aux défis du monde qui nous entoure. L'anxiété nous incite à rester vigilants, la tristesse nous aide à surmonter les pertes, et la colère nous empêche de nous effondrer. Il est important de rappeler que ces sentiments, bien que difficiles, sont une réaction naturelle à une situation difficile. Si possible, essayez de ne pas étouffer les moments positifs : nous avons besoin de joie et de plaisir pour ne pas perdre notre humanité. **Le troisième mot est « épuisement ».** Depuis 2022, les experts ont constaté à maintes reprises une fatigue de guerre. Après quatre ans de confrontations sanglantes, nous nous sommes déjà habitués à vivre et à travailler, malgré d'innombrables signes de stress chronique. Selon l'entreprise Gradus, plus de la moitié des Ukrainiens ressentent un épuisement physique et psychologique sévère. Ce sentiment grandit chaque année et il est désormais difficile de le dissimuler. Les gens sont dans un état d'épuisement « mortel », et ce, malgré la guerre qui fait rage et les fronts qui font déjà partie de notre inconscient. Le stress imprègne chaque cellule de notre corps, et c'est normal. Que faire ? Le plus simple est de se reposer. Retrouver des forces est la priorité absolue. Même une courte pause et quelques minutes de détente peuvent alléger le fardeau invisible et restaurer l'énergie vitale. **Le quatrième mot est « incertitude ».** Nous vivons à une époque où il est impossible de prédire la durée de la guerre ni son issue. Cela engendre de nombreux doutes, hésitations et difficultés à prendre des décisions. Souvent, les gens ne savent pas s'il vaut la peine d'investir dans de nouveaux projets, de partir quelque part ou d'attendre la fin de cette terrible période. Il n'y a pas d'algorithme, pas d'instruction claire. Seule une routine bien établie peut aider. Face aux risques et aux incertitudes, chaque jour, accomplir nos devoirs et améliorer nos rituels nous maintient à flot. Après tout, c'est la maîtrise du quotidien qui atténue le sentiment d'inutilité et procure un sentiment de stabilité au milieu du chaos. N'oubliez jamais : même dans les moments les plus sombres, il y a quelque chose que vous pouvez contrôler : préparer les repas, maintenir l'ordre, prendre soin de vos proches. **Le cinquième mot est « vie »**. En temps de guerre, il est important de se rappeler : malgré tout, nous vivons. Notre vie n'est pas seulement une existence, elle est aussi remplie de petits moments de joie quotidiens. Nous nous levons le matin, embrassons nos enfants, buvons du café, lisons des livres, communiquons avec nos proches, rions, nous embrassons. C'est une valeur fondamentale, une valeur à ne pas perdre, même dans les moments les plus difficiles. La vie elle-même est notre principale résistance et réponse à la guerre. Elle ne doit être ni reportée ni dévalorisée. Nous n'avons pas le privilège d'attendre des jours meilleurs ; nous vivons et nous nous battons chaque jour. C'est là notre véritable victoire : préserver notre humanité et la force d'avancer. Ainsi, même dans les conditions les plus sombres de la guerre, vous pouvez trouver la force de vivre, grâce à la sagesse moderne, à la résilience intérieure et au soutien mutuel. Après tout, chaque mot que nous prononçons, chaque jour, est important pour panser les blessures et construire l'avenir. Et entre quatre murs, au milieu d'une foule, dans la solitude, nous vivons, et cela est plus important que toutes les listes de « défauts » et de « condamnations ». Croyez en votre propre force et ne laissez pas la guerre briser votre humanité.

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