L’ancien diplomate américain Kurt Volker a exprimé son scepticisme quant aux perspectives d’atteindre une vraie paix avec la Russie

Chas Pravdy - 13 juin 2025 10:15

Selon lui, la probabilité que le conflit puisse se conclure par une compréhension mutuelle et une stabilisation à long terme est très faible. En revanche, le diplomate a souligné que la démarche appropriée dans la situation actuelle consiste à appliquer la pression financière maximale sur le Kremlin afin de réduire la capacité des dirigeants russes à financer la guerre et à conserver le contrôle sur les territoires occupés. Lors du forum GLOBSEC-2025 en République tchèque le 13 juin, Volker a déclaré que pour parvenir ne serait-ce qu’à un cessez-le-feu (sans garantie de sa pérennité ou d’une paix durable), il faut « asphyxier » les sources financières de Poutine. Selon lui, c’est précisément la pression économique qui peut affaiblir au maximum la capacité du leadership russe à soutenir la guerre sans les revenus issus du secteur pétrolier et gazier, ainsi que d’autres sources assurant la stabilité du régime. L’ancien représentant spécial des États-Unis souligne que l’aide américaine doit continuer résolument à fournir un flux ininterrompu d’armement à l’Ukraine, y compris éventuellement par le biais de schemes payants, afin de ne pas constituer un fardeau supplémentaire pour les contribuables américains. Il indique également que le président Donald Trump pourrait jouer un rôle important dans ce contexte, étant actuellement une figure clé dans le débat politique autour de la politique de sanctions. Volker appelle à renforcer plus activement la capacité de défense de l’Ukraine, en soulignant que la Russie tente de repositionner ses troupes et de renforcer ses positions dans les territoires occupés temporairement. Il assure que l’objectif de l’Occident n’est pas d’attaquer la Russie ou de prendre Moscou, mais qu’il faut être prêt à un confrontation à long terme, intense, pour préserver et reconquérir les territoires ukrainens. En commentant le futur projet de loi sur de nouvelles sanctions actuellement en discussion au Sénat américain, Volker critique la politique précédente de l’administration Biden. Selon lui, il y a trois ans, les sanctions étaient assez indulgentes et comprenaient de nombreuses exceptions, notamment en ce qui concerne les paiements aux banques russes pour l’énergie. À son avis, cela permettait au Kremlin de maintenir une stabilité financière et de ne pas ressentir une pression économique sérieuse, ce qui renforçait la capacité de Poutine à poursuivre la guerre. Le nouveau paquet de sanctions, selon le diplomate, prévoit des mesures plus strictes : il conserve les principales restrictions, ferme la voie à l’évasion des sanctions par la « flotte clandestine », annule les exemptions précédentes et instaure des mécanismes de sanctions sérieux pour les entreprises et les individus aidant la Russie à contourner ces mesures. Volker est convaincu que de telles mesures peuvent créer un puissant mécanisme de dissuasion et, combinées à une politique de baisse des prix mondiaux du pétrole, saper considérablement la base économique du Kremlin et ses capacités à continuer la guerre. Il faut noter que le soutien à un approfondissement des mesures de sanctions au Sénat est exprimé par plusieurs sénateurs républicains, notamment Lindsey Graham, ainsi que par certains démocrates, comme Richard Blumenthal. Ils ont présenté un projet de loi visant à renforcer la pression économique sur la Russie en réponse à son refus de faire la paix, dans le but d’accélérer la fin du conflit. Parmi les mesures proposées, il y a l’introduction de droits de douane supérieurs à 500 % sur les produits importés de pays soutenant le pétrole russe, ainsi que l’expansion du régime de sanctions et le renforcement du contrôle du mouvement des capitaux. Cependant, selon les dernières informations des médias, il pourrait y avoir des divergences dans les approches politiques concernant les sanctions. L’ancien président Trump déclare actuellement son intention d’assouplir certaines sanctions, tout en soulignant qu’en cas de nécessité, il est prêt à appliquer de nouvelles mesures restrictives. Le politicien insiste sur le fait que le régime de sanctions de l’UE et des États-Unis doit rester flexible, dépendant de la situation politique et du développement du conflit, plutôt que d’être strict et sans alternative. Globalement, les experts conviennent que le renforcement des sanctions économiques, compte tenu des réalités actuelles, demeure l’un des outils les plus efficaces pour faire pression sur le Kremlin et accélérer la fin de la guerre que la Russie a déclarée à l’Ukraine. Toutefois, il reste la question de savoir si ces mesures pourront atteindre l’objectif souhaité et changer le cours de la décision du leadership russe, et cela dépendra aussi de l’évolution des efforts diplomatiques et économiques.

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