Activité russe en Afrique de l’Ouest : transferts d’armes et création d’une nouvelle structure militaire en lieu et place de « Wagner »

Moscou renforce son influence militaire en Afrique de l'Ouest, en envoyant activement des troupes et du matériel dans la région, où un nouveau projet russe prend de l'ampleur – le « Corps africain ». Cela se produit dans un contexte de diminution du rôle de la société militaire privée « Wagner » et de la création d'une structure plus centralisée dotée d'une autonomie accrue et d’un soutien renforcé de la part du Kremlin. Selon des sources, notamment l'agence Associated Press, la Russie effectue d'importants livraisons d'armes et de matériel militaire vers des pays d'Afrique de l'Ouest, utilisant des navires cargots battant pavillon russe. Ainsi, fin mai, des cargaisons de matériel militaire ont été déchargées au port de Conakry (Guinée) à bord des navires Baltic Leader et Patria, sous sanctions de l'UE et des États-Unis. De là, elles ont été transférées par voie terrestre vers le Mali, ce qui témoigne d’une logistique organisée et d’une intention de maintenir une présence durable de Moscou dans la région. Les livraisons comprennent des tanks, des véhicules blindés, des systèmes d'artillerie, notamment des canons de 152 mm, des moyens de guerre électronique, des engins blindés de type « Spartak », ainsi que des citernes et des bateaux portant des marquages russes. Des images satellites ont montré la présence d’un avion de chasse russe, un Su-24, à la base aérienne de Bamako, indiquant une présence militaire active et une possible assistance aérienne autonome. Il est important de souligner que le nouveau « Corps africain » diffère sensiblement des forces armées locales ou régionales, car il possède la capacité de soutenir des opérations militaires aériennes autonomes et de mener des combats indépendamment des autres structures. Cela permet à Moscou de créer des unités militaires plus flexibles et centralisées, conçues pour contrôler la région et étendre leur influence. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué dans une déclaration que Moscou entend approfondir et élargir sa coopération avec les pays d'Afrique de l'Ouest dans tous les domaines, en insistant particulièrement sur la coopération économique et les investissements. Il a également souligné que cette coopération comprend des questions sensibles dans les domaines de la défense et de la sécurité. Suite à la dissolution de la société militaire privée « Wagner » en 2023 et à la mort de son leader Evguéni Prigojine, le Kremlin a créé une nouvelle structure – le « Corps africain » – qui a repris une part significative des opérations dans la région. Selon l’Union européenne, cette nouvelle force militaire serait contrôlée par la section 29155 du GRU, connue pour ses opérations subversives - sabotage, actions de diversion et assassinats en véhicule tout-terrain. En décembre 2023, l’UE a imposé des sanctions contre le commandant de cette unité, le général de division Andri Avertianov, pour sa participation à la coordination des activités du « Corps africain ». Les analystes européens et les experts militaires soulignent que l’augmentation du rôle des forces russes dans la région pose des défis supplémentaires à la stabilité et aux processus démocratiques. La Russie soutient activement les coups d’État militaires dans des pays où des gouvernements légitimes ont été renversés, ce qui nuit à la sécurité, à la stabilité politique et aux perspectives de processus démocratiques en Afrique de l'Ouest. Un fait particulièrement préoccupant est le flux constant d’armes en provenance de Russie, qui contribue au renforcement du positionnement du « Corps africain » face à l’affaiblissement de l’influence de « Wagner ». Selon des militaires et des chercheurs, la nouvelle formation russe recrute activement des mercenaires dans la région, leur proposant des rémunérations importantes – jusqu’à 2,1 millions de roubles – ainsi que des terres et d’autres garanties sociales. Dans le contexte d’un changement rapide de l’impact militaire sur le continent, Moscou tente non seulement de maintenir sa présence, mais aussi d’étendre son activité en utilisant les possibilités de légitimation de nouvelles structures et de manœuvres diplomatiques. Cela constitue, sans aucun doute, un défi supplémentaire pour la communauté internationale, qui surveille la situation dans la région et fait tout son possible pour éviter que les conflits n’empirent et que la situation ne se déstabilise en Afrique de l’Ouest, où les intérêts russes manifestent de plus en plus leur présence et leurs intentions.