À Rostov-sur-le-Trn, un tribunal russe a prononcé un verdict de culpabilité contre une famille de citoyens ukrainiens résidant à Melitopôl, occupé illégalement, dans une affaire qui a suscité une large résonance sociale dans le contexte des événements récents dans le sud de l’Ukraine

Chas Pravdy - 03 juin 2025 08:45

Le tribunal militaire du district sud a condamné trois résidents de la ville temporairement occupée — Artyom Murdid, âgé de 29 ans, sa mère Anna Murdid et sa compagne Ganna Voshkoder — à de longues peines de prison pour des accusations d'avoir prétendument préparé et effectué une série d'actes de sabotage dans la région de Zaporizhzhia ainsi que sur les chemins de fer locaux. Il a été établi que les trois auraient appartenu à une « communauté terroriste » qu’un agent inconnu du service de sécurité ukrainien (SBU), selon la version russe, aurait dirigée. Selon les données de l’enquête, basée sur des déclarations officielles russes, le verdict indique que tous les condamnés auraient participé à la préparation et à la planification de plusieurs actes de sabotage, parmi lesquels quatre explosions. Selon la version russe, un exemple donné par les enquêteurs est la mort du directeur de la société locale « Transports Urbains » Ivan Tkach, qui aurait été bombardé lors d'une explosion de sa voiture, entraînant sa mort. De plus, cette attaque aurait blessé une employée de l'entreprise, Olena Sivaschenko, qui a subi de graves blessures mais a survécu. Il est aussi mentionné que la famille aurait planifié d’autres actes de sabotage sur les voies ferrées, et qu’Artyom Murdid aurait tenté seul de faire sauter le chef de la gare Deryabin ainsi que le président de l’administration d’occupation à Melitopôl. Lors du procès, Murdid a souligné dans son allocution qu’il n’avait appris les accusations portées contre lui qu’au cours des interrogatoires, que, selon ses dires, avaient été menés avec l’usage de torture et d’autres formes de violence physique. Dans ses dépositions, il a affirmé avoir été contraint de « se rendre » sous l’effet direct de pressions physiques, notamment des coups et des pressions psychologiques, qui l’auraient forcé à accepter les accusations. Sa mère, Anna Murdid, également très critique à l’égard des méthodes d’enquête, a confirmé avoir subi des tortures, les a décrites en détail et a exprimé ses inquiétudes quant à la justice du processus judiciaire. La version officielle du ministère russe de l’enquête affirme que ces actes de sabotage avaient pour but de déstabiliser la région et de détruire des infrastructures collaborant avec l’administration locale et la Russie. Pour appuyer cette version, les autorités russes ont présenté au tribunal des enregistrements et des témoignages obtenus lors des interrogatoires, eux aussi selon eux réalisés sous une torture délibérée, avec une pression physique et psychologique intentionnelle. Cette affaire a suscité une large réaction publique et a été critiquée par la société ukrainienne ainsi que par des organisations internationales de défense des droits humains. Le maire de Melitopôl et des représentants des autorités ukrainiennes ont souligné que toutes les accusations portées contre ces citoyens ukrainiens étaient falsifiées et visaient à discréditer et intimider la population locale qui refuse de se soumettre à l’occupant. Ils ont également insisté sur le fait que le procès ne respectait pas les garanties d’un procès équitable, et que l’incarcération avait été prononcée sous la pression de tortures et d’actions d’enquête illégales. Durant les débats, Artyom Murdid a à plusieurs reprises déclaré avoir été contraint de témoigner par la torture physique et psychologique, ce qui donnent à penser que la décision judiciaire, compte tenu de ces circonstances, pourrait être considérée comme dénuée de toute impartialité. Il a indiqué avoir été torturé dans le centre de détention et forcé à signer ses dépositions sous la contrainte. Sa mère, Anna, dans ses déclarations lors du procès, a de nouveau confirmé l’usage de la torture, tout en exprimant une profonde inquiétude pour le futur de ses proches et la situation dans la région en général. Globalement, la décision rendue constitue une étape supplémentaire dans ces événements douloureux et complexes qui se déroulent dans les zones occupées de l’Ukraine, et met en lumière la complexité de la lutte contre la désinformation, les répressions illégales et les motivations politiques qui poursuivent les Ukrainiens dans ces territoires contrôlés par la Russie. Alors que cette affaire reste au centre de l’attention, des militants ukrainiens et des organisations internationales des droits humains appellent à une enquête indépendante, au respect des droits de l’homme et à la justice, afin de prévenir de futures violations et de poursuivre les responsables.

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