Le tribunal russe a interdit la diffusion de mèmes et d’images satiriques comparant Vladimir Poutine à Adolf Hitler

Chas Pravdy - 30 mai 2025 14:45

En Russie, une campagne de censure et de restriction de la liberté d’expression se poursuit, atteignant de nouvelles échelles dans le contexte de la lutte contre l'ironie et la critique des structures de pouvoir. Selon une décision du tribunal du district Kirovski de la ville d’Omsk, il a été officiellement interdit de diffuser 12 ressources en ligne contenant du contenu satirique, notamment des mèmes, des photomontages et des images provenant d’actions de protestation, qui assimilaient le président Vladimir Poutine au dictateur nazi Adolf Hitler. Selon une source — le journal "Verstka" —, la liste des contenus interdits comprend non seulement des photomontages avec des moustaches et des coiffures "hitlériennes", mais aussi des extraits de la comédie russe culte de 2008, "Hitler kaputt!", ainsi que des photos de manifestations où les participants tiennent des panneaux avec des inscriptions telles que "Putler – kaput" ou "Poutine — un pas maladroit vers la honte de la Russie". La liste de surveillance inclut également des images du célèbre blogueur Ilya Varlamov, notamment des photos d’une femme avec une pancarte disant "Putler, bois du poison avant qu’on t’enterre avec des balles", qui, selon la perception des juges russes, auraient un caractère apparemment destructeur. De plus, le tribunal a interdit la diffusion de la page sur le site populaire "Stihi.ru", où une image de Poutine tenant un revolver près de la tempe, avec l’inscription "Comment sauver la Russie de la honte". La page sur le service "LiveJournal" a également été placée sous restriction : il s’agit d’une illustration stylisée dans un style satirique, rappelant la revue "Krokodil". Sur la couverture de cette page figure une image de Poutine avec la légende : "Le tribunal a commencé l’examen de l’affaire. L’accusation affirme qu’elle est innocente" — exprimant de cette manière la censure appliquée à la liberté d’expression. Selon "Verstka", l’initiateur de la plainte est le parquet de la région d’Omsk. Dans sa résolution officielle, le tribunal indique que la diffusion de ces matériaux "affecte négativement les intérêts de la société et de l’État", et pourrait également "inciter à des activités terroristes" ou "provoquer des crimes". Ainsi, le tribunal justifie sa décision en affirmant que les images et mèmes comparant un leader fédéral à un chef nazi créent une atmosphère d’hostilité et ne favorisent pas le bon fonctionnement des institutions étatiques. Cet incident démontre une fois de plus à quel point l’État a accru son rôle dans le contrôle de l’espace internet et du paysage informationnel afin d’arrêter toute forme de critique sociale, considérée comme inutile ou dangereuse pour le régime. Par ailleurs, ces décisions judiciaires suscitent de vives discussions parmi les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes sur les limites de la liberté d’expression et les nouvelles formes d’expression de protestation dans le contexte actuel d’un régime autoritaire. Ce sujet prend une importance particulière dans le contexte de la montée de la censure et des répressions contre les internautes en Russie, où toute manifestation satirique ou critique à l’égard du pouvoir est de plus en plus souvent source de décisions judiciaires limitant l’accès à l’information et censurant le débat public.

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