Aux États-Unis, un nouveau conflit de juridiction a émergé, susceptible d’avoir un impact significatif sur l’avenir de la politique commerciale du pays

Chas Pravdy - 29 mai 2025 04:41

La Cour fédérale du commerce international a rendu une décision retentissante mettant en question la légalité des droits de douane imposés par l’ancien président Donald Trump. La collégialité a unanimement reconnu que ces tarifs, instaurés à l’initiative de celui-ci, dépassaient les limites des pouvoirs du chef de l’État, enfreignant ainsi les normes constitutionnelles des États-Unis. Selon la cour, la décision de Trump d’appliquer des droits de douane massifs sur les importations en provenance de plusieurs pays ne peut être justifiée par la législation en vigueur. Dans sa décision, les juges ont souligné que l’utilisation de la Loi sur les pouvoirs économiques exceptionnels internationaux (IEEPA), à laquelle faisait référence l’ex-président, pour légitimer les droits de douane, était illégitime. Ils ont rappelé que, conformément à la Constitution des États-Unis, seul le Congrès a le pouvoir d’établir des tarifs et de définir la politique économique dans ce domaine. Ainsi, les actions de Trump, qui comprenaient l’instauration de droits de 25 % sur les marchandises en provenance du Canada et du Mexique, 20 % sur les importations de Chine, ainsi que des droits de 10 % sur des produits de dizaines de pays dans le cadre de la lutte contre le déficit commercial, ont été déclarées illégales et doivent être annulées. De plus, la cour a annulé ce qu’on appelle les « tarifs réciproques » compris entre 20 % et 50 %, qui auraient dû entrer en vigueur le 9 juillet si les pays partenaires des États-Unis n’avaient pas trouvé un accord avec l’administration Trump dans le délai imparti. Cette décision prive effectivement la Maison-Blanche de la possibilité d’appliquer des sanctions qui enfreindraient le cadre juridique, tout en limitant sa capacité à introduire des mesures commerciales sans l’approbation législative appropriée. Pour exprimer sa position, le procureur général de l’Oregon, Daniel Reinfeld, un des 12 procureurs ayant intenté une action contre les droits de douane de Trump, a déclaré : « Nous avons porté cette affaire parce que la Constitution ne confère pas à aucun président des pouvoirs illimités pour détruire l’économie du pays. Cette décision confirme l’importance de la loi et montre que les décisions en matière de commerce doivent être prises de manière responsable et dans le respect du cadre juridique, et non dans les coulisses politiques. » La Maison-Blanche a violemment condamné le verdict et a immédiatement annoncé son intention de faire appel. Un porte-parole de l’administration Trump a indiqué que « le président Trump a promis de mettre les intérêts du pays et du peuple américain en première ligne, et c’est la raison pour laquelle l’administration utilise tous les leviers de l’exécutif pour surmonter la crise et ramener les États-Unis à leur position de leader dans l’économie mondiale ». Quelques minutes seulement après l’annonce de la décision, une déclaration a été faite pour faire appel, ce qui pourrait considérablement retarder ce processus juridique et influencer les perspectives de la politique commerciale du pays à l’avenir. Cette décision constitue un précédent important, montrant à quel point les pouvoirs du président en matière de commerce international sont limités, ainsi que les mécanismes dont dispose le Congrès pour contrôler la politique économique extérieure des États-Unis. Une question clé reste toutefois en suspens : pourra-t-on voir l’administration Trump changer son approche en matière de politique douanière, et comment cela affectera-t-il les relations avec les partenaires commerciaux à travers le monde ? Quoi qu’il en soit, ce verdict judiciaire demeure un nouvel indicateur de la complexité de l’équilibre entre l’exécutif et le pouvoir législatif dans le pays le plus puissant du monde, et ses implications pourraient avoir des conséquences à long terme pour l’économie américaine et le commerce international.

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