La Pologne est à nouveau au centre des discussions politiques concernant l’élargissement de l’OTAN et l’avenir de l’Ukraine au sein de l’alliance militaire
À la veille du second tour de l’élection présidentielle dans le pays, le candidat du parti au pouvoir « Droit et Justice » (PiS), le maire en fonction de Varsovie, Rafał Trzaskowski, a fait une déclaration inattendue en refusant de soutenir une initiative visant à bloquer une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Cela a attiré l’attention accrue des experts et observateurs politiques, car le sujet de l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN reste l’un des plus brûlants dans les relations polono-ukrainiennes. Selon des informations publiées par la station de radio Radio Zet et relayées par le portail d’informations ukrainien « European Truth », l’initiative d’interdire à l’Ukraine d’entrer dans l’OTAN a été proposée par le politicien d’extrême droite Sławomir Menses — l’un des acteurs les plus virulents anti-Poutine et anti-ukrainiens dans le paysage politique polonais. C’est lui qui a proposé de signer une déclaration prévoyant notamment l’interdiction de tout processus juridique visant à faire entrer l’Ukraine dans l’alliance militaire. À cette campagne ont également participé d’autres opposants à l’intégration ukrainienne, notamment le candidat du PiS, Karol Nawrocki. Il est également important de noter que les deux candidats — Trzaskowski et Nawrocki — se disputeront au second tour de l’élection présidentielle, qui s’est tenu le 1er juin. Selon leurs échanges avec le leader de la « Confédération », Menses, ils ont accepté son invitation à une discussion personnelle, au cours de laquelle ont été abordés les points clés de son programme. On sait que parmi les huit mesures de ce programme figurait une promesse de ne pas signer la loi ratifiant l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN en cas de victoire. Ce point a suscité la plus forte indignation de la part de Trzaskowski. Dans une interview accordée à des médias polonais, il a clairement déclaré qu’il ne pouvait pas accepter une telle position, soulignant que la sécurité est un facteur clé pour la Pologne et la région dans son ensemble. « Si Poutine ne s’arrête pas devant des mesures quelconques, il faut comprendre qu’il s’armera et poursuivra son agressivité. La seule garantie de notre sécurité, c’est l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. Ce n’est pas seulement un objectif stratégique, mais aussi une nécessité pour la stabilité régionale », a-t-il affirmé. Réagissant immédiatement à cette position, Menses a indiqué dans un commentaire que « si Poutine peut attaquer la Pologne en tant que membre de l’OTAN, alors il est encore plus intéressé par une attaque sur l’Ukraine ». Le politicien a aussi ajouté que « c’est la logique du processus, et c’est absolument clair pour lui ». En réponse, Trzaskowski a catégoriquement rétorqué : « Je connais bien Poutine et je le surveille attentivement. Il ne réagit qu’à la force. Par le langage diplomatique et verbal, il ne se limitera pas ». Autrement dit, la riposte à l’agression doit passer par le renforcement de la défense et la pression diplomatique. Un autre aspect important est l’affirmation de Menses selon laquelle « l’Ukraine a des frontières non réglées, c’est pourquoi son adhésion à l’OTAN est imprévisible ». En réponse, Trzaskowski a souligné que « la Pologne doit aspirer à rejoindre l’Ukraine. C’est une stratégie pour notre sécurité, et même si ce processus prend 10 à 15 ans, il reste tout à fait envisageable. Il est crucial que nos efforts se concentrent dans cette direction ». Par ailleurs, le candidat a précisé qu’il s’opposait à l’envoi de militaires polonais en Ukraine, soulignant que l’aide doit prendre la forme d’armement et de matériel, mais pas d’envoi direct sur le front. Par ailleurs, la situation entourant les récents événements est activement discutée dans les cercles politiques. Le 22 mai, le candidat à la présidence soutenu par l’opposition, Karol Nawrocki, a signé une déclaration avec Menses, notamment concernant l’interdiction de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN en échange de son soutien lors du second tour. Cela est devenu l’un des sujets les plus polarisants du débat préélectoral, notamment lors des débats télévisés du soir du 23 mai. Lors de cette discussion, la question ukrainienne a été l’un des thèmes principaux, permettant aux experts et analystes d’évaluer les scénarios possibles pour la politique future de la Pologne face aux positions radicales des candidats officiels. Une telle rhétorique et ces positions politiques reflètent la complexité de la situation en Pologne à l’approche de ces élections cruciales. Le choix entre soutenir une intégration intensive de l’Ukraine dans l’OTAN et maintenir une rhétorique diplomatique extérieure, parfois proche de thèses pro-russes, pourrait définir non seulement la politique future du pays, mais aussi la situation sécuritaire dans la région. La tension reste élevée, entre d’un côté, le désir de stabilité et de sécurité, et de l’autre, la lutte politique et les conflits internes de nature idéologique. Les événements récents montrent que la question de la sécurité de l’Ukraine et de son potentiel adhésion à l’OTAN demeure l’un des enjeux les plus brûlants et les plus risqués dans les relations polono-ukrainiennes.