Le Sénat des États-Unis insiste : ramenez les enfants ukrainiens enlevés par la Russie avant la signature de tout accord de paix
Aux États-Unis, la pression en faveur de la responsabilité politique de la Russie pour ses graves violations des droits des enfants ukrainiens se fait de plus en plus forte. Un groupe bipartisan de sénateurs a présenté une résolution ambitieuse qui exhorte Moscou à revenir sur ses actes et à retourner tous les enfants ukrainiens enlevés de force en Russie, avant la signature de tout accord de paix visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. Des sources informées du texte de la résolution, ainsi que des structures officielles, ont confirmé l'existence de cette initiative. Ce projet est mené par les sénateurs Chuck Grassley, du Parti républicain, et Amy Klobuchar, du Parti démocrate, qui ont été rejoints par leurs collègues des deux côtés politiques — parmi eux Ronald Vickers, Joni Ernst et Rick Scott (Républicains), ainsi que Dick Durbin et Jon Fetterman (Démocrates). Ils dénoncent unanimement ces actes et appellent à des mesures urgentes pour protéger les enfants ukrainiens. Selon le texte de la résolution, l’enlèvement et la russification des jeunes enfants ukrainiens constituent une manifestation évidente des intentions du régime kremlin de détruire l’identité ukrainienne et de briser l’avenir de la nation. « La modification de l’identité par la déportation et la propagande n’est pas simplement un crime de guerre, mais une stratégie délibérée et cynique visant à éradiquer la culture et les traditions ukrainiennes », indique le document. Andriy Yermak, chef du bureau du président ukrainien, partage cette position et souligne : « Le retour des enfants ukrainiens illégalement déportés est une condition impérative pour mettre fin à la guerre ». Lors de son discours, le sénateur Grassley a insisté sur le fait que l’ampleur de l’invasion du Kremlin et le choc qu’elle suscite représentent le défi le plus important en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. « Poutine est venu sur notre terre pour détruire l’identité ukrainienne, en enlevant des milliers d’enfants afin de manipuler leur esprit et d’anéantir leur culture. Nous devons lutter pour le retour de chaque enfant, et cela doit devenir une priorité dans tout processus diplomatique ou politique », affirme-t-il. Cette résolution devient le premier document public et personnel au Sénat depuis le retour de Donald Trump sur la scène étrangère, dans le contexte de la révision par le gouvernement américain de ses approches concernant le conflit russo-ukrainien. Elle marque aussi une nouvelle étape dans les discussions diplomatiques sur l’avenir de l’Ukraine, en soulignant que la déportation d’enfants n’est pas seulement un crime de guerre, mais aussi une tentative de détruire la nation ukrainienne de l’intérieur. « Nous ne pouvons rester indifférents », insiste Andriy Yermak. « L’enlèvement d’enfants n’est pas simplement un acte de violence, mais une tentative cynique d’effacer l’identité nationale de notre peuple. Le retour de chaque enfant est notre devoir moral et une condition nécessaire pour la fin de cette guerre ». Il ajoute que sans le rapatriement des enfants ukrainiens, aucune paix juste ni durable ne sera possible. L’histoire de cette crise humanitaire et politique a des racines profondes. Selon Dmytro Lubinets, Commissionnaire ukrainien aux droits de l’homme, depuis le début de l’invasion à grande échelle, environ 150 000 enfants ukrainiens ont été illégalement emmenés en Russie. La question de cette déportation massive a été évoquée pour la première fois début 2023, et Irina Vereshchuk, vice-cheffe du bureau du président, a indiqué que les occupants russes changent les noms, falsifient fortement les biographies et changent même les dates de naissance des enfants ukrainiens pour les rendre « acceptables » sous le contrôle russe. Selon Daria Herasimchuk, commissaire aux droits de l’enfant, les occupants russes utilisent plusieurs scénarios pour déplacer les enfants ukrainiens : de la séparation de leurs familles à des diagnostics médicaux nuisibles, voire à des assassinats violents de leurs parents. En mars dernier, la Cour pénale internationale à La Haye a délivré un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova, la responsable russe pour les affaires des enfants, pour leur implication dans la déportation d’enfants ukrainiens et leurs tentatives d’éradication de la population ukrainienne en tant que telle. Les enquêtes et démarches diplomatiques se poursuivent, mais le fondement légal et moral pour condamner la Russie dans ce domaine est déjà posé. L’Ukraine et la communauté internationale cherchent à restaurer le destin brisé de ces jeunes citoyens et à punir les responsables de ce crime contre l’humanité. Cependant, la question demeure : les forces politiques américaines seront-elles capables de faire entendre cette position de manière convaincante et d’inciter la communauté internationale à agir ? La réponse reste ouverte. Dans une époque où la diplomatie et les compromis politiques sont au cœur de la politique mondiale, les enfants ukrainiens, enlevés par la cynisme de l’agression russe, doivent avoir leur chance de revenir, de se reconstruire et de retrouver leur avenir.