Institut de recherche sur la guerre (ISW) : La Russie renonce sans pression aux recherches d’un compromis lors des négociations à Istanbul

Chas Pravdy - 16 mai 2025 03:51

Les analystes de l’Institut de sécurité mondiale (ISW) expriment leur profonde préoccupation concernant le déroulement des processus de négociation entre la Russie et l’Ukraine, qui ont eu lieu à Istanbul. Selon leur analyse, le Kremlin évite délibérément toute véritable entente diplomatique et cherche uniquement à prolonger la guerre, ayant pour but d’étendre Kyiv et de contraindre l’Ukraine à capituler sous la pression de la Russie. D’après l’étude, la délégation russe, qui a participé aux négociations d’Istanbul en mai 2025, diffère fortement de celle qui représentait la Russie en 2022. Une grande partie de ses membres sont les mêmes hauts responsables qui faisaient partie de la délégation à la fin de la dernière décennie. Ce qui suscite une attention particulière, c’est que Vladimir Medinski, conseiller du président russe Vladimir Poutine, a été officiellement annoncé comme le chef de la délégation russe lors des négociations à Istanbul cette année. Cela soulève des inquiétudes quant à l’orientation de la délégation moscovite, puisque Medinski est connu pour ses positions en faveur du régime de Poutine et, de façon informelle, comme étant opposé à tout compromis. Dans le rapport de l’Institut, il est mentionné qu’un diplomate russe associe directement les négociations de mai 2025 au début du processus de négociations à Istanbul en 2022, lorsque la Russie a présenté à l’Ukraine des conditions équivalentes à son capitulation finale. Cela témoigne de la volonté du Kremlin de revenir à ces exigences intransigeantes, jouant sur le fait que, après trois ans de guerre, l’Ukraine a connu d’importants changements sur le front : malgré les difficultés, les forces ukrainiennes ont réussi à libérer les régions occupées de Kharkiv et de Kherson, à stopper l’avance des troupes russes à l’est et au sud, et leur niveau de préparation au combat a considérablement augmenté. Selon les experts, l’objectif principal de Medinski est de créer l’illusion que les négociations de mai 2025 ne sont qu’une continuation d’initiatives antérieures sans succès. Selon eux, cette posture vise à légitimer les revendications russes concernant la capitulation de l’Ukraine, en dépit des preuves sur le terrain montrant que l’Ukraine dispose aujourd’hui d’une position plus forte qu’en avril 2022, tandis que l’armée russe s’est fortement affaiblie en raison des pertes et du faible niveau de formation des nouvelles recrues. Les auteurs du rapport soulignent que cette approche de la partie russe confirme son incapacité à proposer des compromis équitables et concrets. Les efforts de l’Ukraine, des États-Unis et des partenaires européens sont dirigés vers l’obtention de conditions pour un cessez-le-feu stable et durable, qui servirait de fondement à de futures négociations et à la sécurité à long terme de l’Ukraine. En revanche, la formulation de Medinski montre le refus de Moscou de faire des concessions, tout en maintenant la pression maximale et en poursuivant sa politique de pression continues. En évoquant le front informationnel, les analystes mettent en avant la méthode avec laquelle les médias russes ont été briefés par le Kremlin sur la couverture des négociations à Istanbul. Le document indique que la Russie souhaite présenter ses forces militaires et ses succès — notamment l’amélioration probable de la situation au combat — comme des arguments importants et convaincants, tout en ignorant les défis réels auxquels son armée est confrontée. À cet effet, sont utilisées des déclarations évoquant des "conditions moins favorables" pour l’Ukraine en 2025 par rapport à 2022, dans une tentative de justifier la victoire finale de la Russie sur le champ de bataille et de légitimer ses pertes militaires, tout en minimisant l’importance des acquis ukrainiens. Globalement, les experts s’accordent à dire que l’insistance constante de la Russie sur ses exigences sans compromis témoigne de ses ambitions de capitulation totale de l’Ukraine. Selon eux, cette approche montre que Moscou n’a en réalité aucune intention d’engager un dialogue constructif et continue d’utiliser des moyens militaires pour atteindre ses objectifs — anéantir complètement l’indépendance ukrainienne et réduire le pays sous son influence. Ce signal d’alarme est destiné à la communauté internationale ainsi qu’au peuple ukrainien, qui prennent conscience de plus en plus que la diplomatie reste sous la pression de forces souhaitant maintenir le statu quo, sous la forme d’une victoire partielle ou totale de Moscou.

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