Le procès pénal à Kyiv a suscité une large résonance, car il concerne l’ampleur des schémas de corruption et le danger que représente le préjudice à la capacité de défense du pays

Chas Pravdy - 30 avril 2025 18:28

Le tribunal du district de Shevchenkivskyi à Kyiv a rendu une décision de détention provisoire pour deux hauts responsables soupçonnés d’être impliqués dans une opération à grande échelle qui aurait pu mettre en danger la vie des militaires ukrainiens. Il s’agit de l’ancien chef d’une des représentations militaires du Ministère de la Défense, Mikhail Shkurenko, et du chef du groupe de contrôle, Yuriy Yareska — leur arrestation a été effectuée dans le cadre de l’enquête menée par le Service de sécurité de l’Ukraine (SBU). Selon le Centre de lutte contre la corruption, le juge d’instruction Volodymyr Bugil a approuvé la demande des enquêteurs et décidé d’appliquer la mesure préventive sous la forme de détention sans mise en liberté sous caution. Cette décision a été rendue dans le cadre de l’enquête visant à établir les circonstances objectives de la fourniture de mines dangereuses à l’armée ukrainienne. D’après l’enquête, en 2024, un contrat d’une valeur de plus de 11 milliards de hryvnias a été conclu avec l’Agence nationale d’approvisionnement en défense sur l’un des grands sites de production de la région de Dnipro. L’objet principal du contrat était la fabrication de munitions de mortier de 120 mm pour l’armée ukrainienne. Cependant, dès les premières étapes de la production, un fait scandaleux a été révélé : dans les charges explosifs, des mélanges de poudre à canon qui ne respectaient pas les normes et étaient inadéquats pour les mortiers de 120 mm ont été utilisés. Cela a créé un risque d’utilisation de munitions instables, pouvant entraîner leur détonation incontrôlée lors de l’utilisation. De plus, des experts ont découvert de graves défauts dans les capsules-démarreurs, ce qui a encore accru le niveau élevé de danger. De tels défauts pouvaient entraîner des ratés ou des incidents importants lors de l’emploi des mines. Malgré ces problèmes connus, la production de ces mines n’a pas été arrêtée, ce qui soulève des questions sur le niveau de contrôle et la responsabilité de la direction de l’entreprise. Les intervenants soulignent que la fraude a été organisée intentionnellement : des responsables, à la tête de l’usine de défense, transféraient consciemment sur le front plus de 120 000 mines potentiellement dangereuses, en ignorant la sécurité des militaires pour réaliser des bénéfices multimillionnaires. En conséquence, il a été nécessaire de retirer un grand volume de munitions en raison de leur faible qualité et de leur dangerosité, ce qui a gravement nui à la capacité de défense du pays. Plusieurs hauts responsables sont impliqués dans l’affaire : outre les personnes arrêtées, le tribunal étudie actuellement la question de la mise en détention du directeur général de l’usine, Leonid Shiman, et de son premier adjoint, Oleksiy Kyrychенко. Ils sont soupçonnés d’avoir facilité une scheme de corruption et livré aux forces armées une production dangereuse pour une somme importante d’argent. Pourquoi cette affaire a-t-elle suscité un tel retentissement ? Tout a commencé le 29 avril, lorsque les forces de l’ordre ont arrêté la direction de l’entreprise de défense fournissant à l’armée ukrainienne des mines à haut risque. Depuis lors, de nombreuses questions ont été posées concernant le contrôle exercé sur le secteur de la défense et la fiabilité de produits ayant passé un contrôle étatique et technique, mais s’avérant potentiellement mortels pour leurs utilisateurs. Ce cas est devenu un exemple éclatant d’un système de corruption qui aurait pu remettre en question le potentiel de défense de l’État et mettre en danger la vie des militaires. Par ailleurs, il rappelle l’importance d’un contrôle strict dans la sphère de la défense et la lutte contre la corruption, qui peut détruire tous les efforts pour protéger le pays. En effet, la lutte contre les producteurs et les responsables malhonnêtes n’est pas seulement une question économique, mais aussi une question de sécurité nationale et de futur pour l’Ukraine.

Source