Dans le contexte du mois de mai, la branche du renseignement britannique a exprimé ses réflexions concernant les objectifs et les intentions stratégiques de la direction russe
Ils ont notamment souligné que la trêve à court terme annoncée par le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, d’une durée de trois jours, prévue du 8 au 10 mai, revêt une importance cruciale dans la politique de Moscou à l’approche de la célébration de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique. Du point de vue historique, cette journée symbolise l'idylle avec la victoire du Kremlin sur l’Allemagne fasciste, mais elle est aujourd'hui transformée en un outil de propagande intérieure et extérieure. Selon le renseignement, l’objectif principal d’une telle démarche de la Russie est de donner l’impression d’être ouverte à la recherche de compromis dans le contexte du conflit en cours, ainsi que de limiter la capacité de l’Ukraine à mener des frappes à longue portée sur le territoire russe pendant ces jours importants. Les analystes estiment que cela envoie un signal à la communauté internationale et à la direction ukrainienne : Moscou serait prête à faire quelques concessions, mais ne souhaite pas véritablement affaiblir ses positions sur le champ de bataille. En abordant la situation, le renseignement britannique rappelle que la Russie a déjà annoncé un cessez-le-feu unilatéral pendant Pâques, d’une durée de 30 heures – une étape qui a été interprétée ces jours-ci comme une tactique diplomatique et une tentative de montrer une "disponibilité au cessez-le-feu". Cependant, cette mesure courte n’altère en rien la situation globale de la guerre et, selon les observations des analystes, elle vise presque inévitablement à créer une impression favorable à Moscou, selon laquelle les opérations militaires tendent à réduire la tension, tout en évitant d’aggraver la position des forces russes sur le front. De plus, le renseignement britannique indique que le Kremlin cherche à réduire les risques de frappes à long terme par l’Ukraine sur le territoire russe durant la période des célébrations. En effet, les années passées ont montré qu’à l’approche du 9 mai, de nombreuses villes et localités russes ont presque annulé ou reporté les festivités et les parades militaires, ou les ont organisées de manière plus modérée. Cela concerne particulièrement les régions proches de la frontière ukrainienne, où les hostilités et la tension sur le front obligent les autorités à modifier les événements planifiés à l’avance. Il est également important de souligner que cette année n’est pas une exception. Beaucoup de villes en Russie, notamment celles situées près de l’Ukraine, ont déjà annulé ou reporté leurs célébrations du 9 mai afin d’éviter d’éventuelles frappes de roquettes ou d’artillerie de la part des forces ukrainiennes, qui cherchent à réduire les risques pour leurs troupes et la population civile. Dans ce contexte, la position des autorités serbes a été particulièrement remarquée, puisque Belgrade a officiellement confirmé son intention de participer au défilé sur la Place Rouge le 9 mai. Le président serbe Aleksandar Vučić a déclaré qu’il ne reviendrait pas sur sa décision et n’annulerait pas sa visite à Moscou pour commémorer la Victoire, et une unité militaire serbe se prépare à prendre part aux cérémonies aux côtés des collègues russes. Par ailleurs, selon les informations préliminaires, non seulement Vučić mais aussi le Premier ministre slovaque, Robert Fico, se rendraient à Moscou pour assister au défilé, ce qui témoigne de la formation d’une délégation européenne et russe commune, malgré la opposition de plusieurs gouvernements européens. Par ailleurs, certains responsables européens et diplomates appellent la société civile et les dirigeants à faire preuve de solidarité avec l’Ukraine et à éviter de participer aux célébrations militaires à Moscou le 9 mai. La chef de la diplomatie européenne, Catherine de Rivarol, a notamment exhorté les leaders européens à ne pas soutenir cette tradition, à exprimer leur solidarité avec le peuple ukrainien, à condamner les actions du Kremlin et à refuser formellement de participer à ces célébrations. En conclusion, la situation autour des célébrations du 9 mai en Russie est sans précédent et tendue. Le Kremlin tente simultanément de projeter une image de force militaire intérieure et extérieure, tout en maintenant une apparence de volonté diplomatique, en insistant sur son indépendance et en refusant tout compromis. De leur côté, les Ukrainiens continuent de réclamer un cessez-le-feu total et sans condition, tandis que la communauté internationale cherche activement des moyens de soutenir l’Ukraine et d’empêcher la légitimation de l’agression russe via ces célébrations. La question de savoir comment évolueront les événements dans les semaines à venir et si le Kremlin pourra créer une illusion de paix demeure l’un des enjeux majeurs pour la sécurité régionale et la stabilité mondiale.