La Cour européenne des droits de l’homme a remis en question la légalité de l’inscription de l’ancien dirigeant du Bureau national anti-corruption d’Ukraine, Artem Sytnyk, dans le registre public des corrupteurs, confirmant de graves violations de ses droits à un procès équitable, à la vie privée, et soulignant que ces actes avaient été motivés de manière malhonnête

Chas Pravdy - 24 avril 2025 15:22

Le 24 avril de cette année, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu une décision historique dans l’affaire « Sytnyk contre Ukraine », notant que cette inscription dans un registre mystérieux lui avait causé un préjudice important et avait violé ses droits constitutionnels et libertés fondamentales garantis par la Convention européenne des droits de l’homme. Dans sa décision, la cour a souligné que les tribunaux ukrainiens ayant examiné cette affaire avaient totalement ignoré d’importants arguments de la défense, notamment le fait que les dépenses de l’ancien chef du NABU lors de ses vacances avaient été partagées entre amis, ce qui réduisait toute implication possible dans des actes de corruption. Selon la décision, l’inscription de Sytnyk dans le registre des corrupteurs a eu un impact disproportionné et négatif sur sa vie privée et sa réputation, étant donné que cette publicité perdurera, sapant la confiance dans sa réputation professionnelle et sa dignité personnelle. Il est remarquable que la législation ukrainienne ne permette actuellement pas la suppression du nom d’un fonctionnaire du registre même après l’expiration de la période de responsabilité définie, ce qui contredit les dispositions du Code administratif de l’Ukraine, notamment l’article concernant la radiation de la responsabilité administrative après un an. En ce qui concerne le préjudice matériel et immatériel subi par Sytnyk, la cour a reconnu qu’en constatant la violation de ses droits conventionnels, il avait reçu une forme de compensation, c’est pourquoi aucune indemnisation supplémentaire n’a été accordée. Cette décision envoie un signal fort aux responsables ukrainiens et aux organes d’application de la loi sur l’indisponibilité d’abuser des lois à des fins politiques ou personnelles. Les antécédents de cette affaire remontent à 2019, lorsque Artem Sytnyk a perdu un procès devant la cour d’appel de Rovno, suite à une affaire devant le tribunal de district de Sarny, qui l’a reconnu coupable d’une infraction administrative lors de vacances dans la région de Rovno. Les services de sécurité et le parquet général avaient alors dressé des procès-verbaux pour violation des restrictions concernant la réception de cadeaux, en raison du fait que, lors de vacances payées par d’autres personnes et sans indication du montant dans la déclaration de biens, il avait enfreint les restrictions. Cela avait supposément causé un préjudice matériel à l’État de 25 000 hryvnias. Sytnyk lui-même avait contesté ces accusations, qualifiant les procès-verbaux d’injustifiés et doutant de l’impartialité des juges dans cette affaire. Plus tard, en décembre de la même année, son nom est apparu dans ce que l’on appelle le « registre des corrupteurs », conformément à l’article 172-5, partie 1 du Code administratif ukrainien — pour une supposée violation de l’ordre d’obtention de cadeaux. Cela a constitué une des raisons pour une accusation officielle, puis pour son inscription dans des listes, y compris pour une déformation publique au niveau des institutions d’État. La décision actuelle de la CEDH ne constitue pas seulement un verdict juridique sur le caractère illégitime des actions des tribunaux et des organes ukrainiens dans cette affaire, mais aussi un signal fort de la communauté internationale, qui valorise l’État de droit et l’inadmissibilité de poursuivre pour motifs politiques. Dorénavant, toute ingérence injustifiée dans la vie privée des responsables publics, notamment dans le cadre de la lutte contre la corruption, est sujette à une critique substantielle et à un déshonneur social, et la décision de la cour européenne a un poids considérable, pouvant mettre fin aux conjectures politiques et juridiques entourant cette affaire très médiatisée.

Source