La déclaration de Trump concernant la paix en Ukraine suscite indignation et inquiétude : à Kiev, la proposition de l’ancien président américain est considérée comme inacceptable et beaucoup plus favorable à la Russie

Chas Pravdy - 23 avril 2025 03:30

Les derniers jours, lors des tentatives de règlement du conflit en Ukraine, ont été marqués par une nouvelle initiative retentissante : le soi-disant « plan de paix final », qui, selon des sources américaines, aurait été proposé par l’ancien président des États-Unis, Donald Trump. Il s’avère que ce document, remis à la direction ukrainienne lors d’une rencontre informelle à Paris la semaine dernière, contient des exigences et des propositions qui en réalité consolident l’occupation russe et impliquent d’importants compromis de la part de Kiev. Une source issue des cercles américains indique que le document, que Trump qualifie de « proposition finale », a été présenté aux responsables ukrainiens sous la forme d’une présentation d’une page. Celle-ci inclut notamment la reconnaissance par les États-Unis du contrôle « de jure » de la Russie sur la Crimée, ainsi que le contrôle « de facto » de presque toute la région de Louhansk, ainsi que des parties des régions de Donetsk, Kherson et Zaporojié. Selon cette source, avec laquelle l’agence "Interfax-Ukraine" a discuté, le gouvernement ukrainien considère cette proposition comme excessivement partiale et ouvertement favorable à la Russie, car elle ne décrit clairement que les bénéfices pour le Kremlin sans concessions ni garanties évidentes pour l’Ukraine. Par ailleurs, le plan américain prévoit une série d’exigences qui, si elles sont appliquées par Kiev, reviendraient effectivement à égaliser le statut de l’Ukraine avec celui de la Russie concernant la Crimée et les territoires occupés. Que propose donc Trump ? D’après les sources divulguées, les principaux points du document incluent : - La reconnaissance « de jure » de la part des États-Unis du contrôle russe sur la péninsule de Crimée. - La création de garanties de sécurité « non spécifiques » pour l’Ukraine, qui prévoiraient supposément une participation d’un large éventail de pays européens et peut-être non européens à la création de mécanismes pour une opération de maintien de la paix, sans détails précis. - La « dégel » d’une partie des territoires occupés, notamment une petite partie de la région de Kharkiv, ainsi que la levée des sanctions contre la Russie instaurées depuis 2014, et le renforcement de la coopération économique avec les États-Unis, y compris dans le secteur énergétique et industriel. - La garantie que l’Ukraine ne rejoindra pas l’OTAN, avec la possibilité de son adhésion à l’UE, ce qui constitue un compromis supplémentaire dans le cadre des accords. - La prise en charge par les États-Unis de la centrale nucléaire de Zaporijjia, qui resterait formellement territoire ukrainien, mais serait contrôlée officiellement par les Américains, l’électricité y étant fournie à la fois à l’Ukraine et à la Russie. - La manifestation d’intentions de signer un nouvel accord d’exploitation de ressources naturelles en Ukraine, avec l’utilisation de ces ressources pour financer la reconstruction. Un autre aspect remarquable de ce plan est son origine semi-mythique. D’après des sources, le document aurait été élaboré après de longues consultations entre l’envoyé spécial de Trump, Steve Vítkoff, et le leader russe Vladimir Poutine, qui aurait proposé de geler la ligne de front dans le but d’un accord potentiel. Cependant, la position officielle du gouvernement ukrainien reste inchangée et critique à l’égard de toute démarche menant à une capitulation. La délégation ukrainienne, comprenant le chef du Bureau du Président Andriï Yermak, le ministre de la Défense Roustem Oumérov, le ministre des Affaires étrangères Andriï Sibiga et le vice-chef du bureau du Président Pavlo Paliha, discute actuellement uniquement de la possibilité d’un cessez-le-feu de 30 jours dans le cadre de futures négociations à Londres, mais ne soutient en aucun cas le plan proposé par Trump. La réaction officielle du gouvernement ukrainien suivra prochainement, mais dès maintenant, des experts et des représentants de divers partis politiques soulignent que cette initiative constitue un nouvel élément de la guerre d’informations et de pression diplomatique. L’opinion publique ukrainienne exprime des craintes que de telles propositions puissent en réalité diminuer les chances de libération et de récupération des territoires contrôlés par Kiev. Par ailleurs, plusieurs cercles diplomatiques ne excluent pas la possibilité que ce document ait été créé sous une certaine pression politique ou comme diversion face aux préoccupations majeures, notamment la situation sur le terrain et les problèmes internes du pays. Un analyste bien connu de Kiev indique que la valeur d’un tel plan ne dépasse pas le niveau de déclaration dans la presse, et que ses chances de mise en œuvre réelle sont minimes. On s’attend à ce que, dans les prochains jours, les États-Unis, l’Ukraine et leurs partenaires européens poursuivent les discussions sur les voies possibles pour mettre fin à la guerre. Notamment, une nouvelle réunion est prévue à Londres, où participeront des représentants de la délégation ukrainienne, y compris Andriï Yermak, afin d’évoquer les prochaines étapes. Cependant, compte tenu de la situation actuelle et des réactions de la classe politique ukrainienne, la majorité des experts pensent que le document présenté par Trump ne fait qu’embourber la voie vers une paix véritable et consolide un « compromis intermédiaire» trompeur, qui pourrait coûter cher à l’Ukraine à l’avenir. Les politiciens et analystes ukrainiens appellent à ne pas céder aux jeux politiques bon marché et aux provocations diplomatiques, insistant sur le fait que tout accord doit prendre en compte les intérêts stratégiques du pays et le retour de ses territoires sous souveraineté ukrainienne. La protection de l’indépendance et de la souveraineté demeure la priorité, et tout pacte consacrant la occupation effective pourrait réduire les chances de victoire future et de restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

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