En Pologne, la question de la mémoire historique et des potentielles tensions diplomatiques revient sur le devant de la scène : à proximité d’un itinéraire touristique populaire dans le sud-est du pays, une nouvelle plaque provocatrice a été placée, ce qui pourrait considérablement compliquer les relations polono-ukrainiennes

Chas Pravdy - 23 avril 2025 08:27

Il s’agit de la tombe de soldats ukrainiens de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), située lors d’une sépulture dans le village de Monastyr, dans la gmina de Górzyce-Zdrój, en Subcarpatie. Cet endroit est depuis longtemps sujet de controverses et de débats politiques en raison du caractère historique du mémorial et de sa symbolique. La source de l’information est le portail « Zlubaczowa » (zlubaczowa.pl) ainsi que le journal « La Vérité européenne » (Europejska Prawda). C’est là qu’a été publié un reportage sur la situation, qui s’agite rapidement dans l’espace médiatique polonais : une plaque à contenu provocateur, concernant les formations de libération ukrainiennes et leur rôle dans l’histoire de la région, a refait surface sur la colline funéraire. Cet incident est le premier après ceux qui s’étaient produits auparavant, notamment en 2015 et 2020, lorsque des vandales avaient délibérément détruit le mémorial ou altéré sa symbolique. La première attaque remonte à 2015 : des inconnus avaient brisé une plaque portant les noms des commandos UPA, avaient repeint la croix aux couleurs du drapeau polonais et avaient remplacé la symbolique ukrainienne par une polonaise. Cet acte de vandalisme avait suscité à l’époque une vive inquiétude parmi la communauté ukrainienne et les diplomates. En 2020, l’histoire s’était répétée : le mémorial avait été pratiquement détruit, et les débris de la structure ensevelie avaient été jetés dans une fosse. Cependant, par la suite, la communauté ukrainienne avait installé une nouvelle plaque commémorative, indiquant, en ukrainien et en polonais, uniquement la tombe fraternelle d’Ukrainiens tombés dans la nuit du 2 au 3 mars 1945 lors d’un combat contre l’armée soviétique. Toutefois, cette version avait suscité une réaction mitigée : la partie ukrainienne considérait que le monument devait comporter des noms précis, et non seulement des mots généraux. Jusqu’à récemment, le monument n’avait pas connu de changements importants, jusqu’à l’apparition d’une nouvelle plaque. Celle-ci, ou plutôt — celle qui y a été récemment installée, incrimine les soldats de l’UPA pour leur rôle dans la terreur et le génocide envers la population polonaise, ukrainienne et juive. Le texte appelle au pardon chrétien, tout en exprimant aussi une volonté de condamnation : « Le pardon ne signifie pas l’oubli, mais la guérison de la douleur ». Ce rappel constitue probablement une allusion à la complexité de l’héritage historique, qui continue de laisser indifférentes les deux parties. Des modifications ont été également remarquées sur la croix elle-même — le trizible a été remplacé par un symbole chrétien, ce qui peut être interprété comme un geste symbolique de part et d’autre du conflit. Selon les premières informations, une enquête a été ouverte : cette plaque a été installée sans autorisation appropriée, et la police de Nowy Sącz a déjà commencé une investigation. Selon Marzena Mroczkowska, représentante de la police locale à Lubaczów, les forces de l’ordre se sont rendues sur place, ont documenté le changement et cherchent actuellement à identifier la ou les personnes responsables de cet acte provocateur. Ce n’est pas la première fois qu’un lieu évoquant les soldats ukrainiens devient le centre de tensions diplomatiques et historiques dans la région. Il convient de rappeler que les politiciens et diplomates ukrainiens suivent de près la question de l’installation et du maintien des sépultures des héros ukrainiens en territoire polonais. L’Ukraine a insisté et mené des négociations concernant la restauration des plaques et des mémoriaux, notamment à Monastyr. La première étape a été l’accord de Kiev pour le redémarrage des exhumations, mais il s’est avéré que, lors de la restauration du mémorial, aucune liste correcte des noms n’avait encore été établie, ce qui a provoqué la colère tant du côté ukrainien que du cercle politique polonais. En janvier, le ministre des Affaires étrangères Andriï Sybiga soulignait que la question de la rénovation du mémorial à Monastyr restait d’actualité et faisait partie de l’ordre du jour du gouvernement. Selon lui, l’Ukraine exigeait un hommage approprié à la mémoire ukrainienne sur le territoire polonais, et ce processus devait respecter les normes internationales et historiques. Globalement, cette nouvelle sur le terrain de l’histoire et de la mémoire témoigne que le sujet des relations entre l’Ukraine et la Pologne demeure complexe et contesté. Les actions provocatrices autour des complexes commémoratifs honorant les héros influencent inévitablement la situation politique et le dialogue entre États. Par ailleurs, la question de la mémoire et du passé historique reste une composante essentielle de la coopération bilatérale, nécessitant une approche équilibrée pour éviter de nouveaux conflits à des niveaux spirituels et politiques.

Source