En juin 2025, Artem Sytniuk, l’ancien directeur du Bureau national anticorruption, a été licencié de son poste de vice-président de l’Agence des achats de défense (AAD)

Cette information a été officiellement confirmée par la réponse de l’Agence à une demande du Centre public contre la corruption (CPC). Selon le document, le motif de ce licenciement a été une réduction du personnel dans le cadre des réformes du personnel prévues par l’article 40 du Code du travail ukrainien. « Artem Sytniuk a été licencié le 10 avril 2025 en raison d’une réduction du personnel conformément à l’ordre n°159-K du 14 mars 2025 », indique le service de presse de l’AAD dans sa réponse. Cette décision a suscité une large réaction dans les milieux anti-corruption et parmi les experts, qui craignent une possible destruction du système de contrôle interne au sein de la structure. Les sources du Centre contre la corruption n’excluent pas que ces changements au sein de l’Agence aient un motif purement politique et soient destinés à renforcer le contrôle de la part du ministère de la Défense, en particulier du ministre Rustem Umerov et du directeur Arsen Zhumadilo. Selon eux, cette modification pourrait entraîner la perte d’indépendance de l’AAD et la transformer d’une structure autonome en une subdivision du ministère de la Défense, ce qui limiterait considérablement les possibilités d’achats d’armes transparents et efficaces. Le CPC exprime son inquiétude en argumentant que cette démarche réduit le niveau de contrôle interne, qui avait été renforcé grâce à l’absence d’intermédiaires dans le processus d’achat. La activité indépendante de l’AAD permettait de collaborer directement avec les fabricants et les premiers fournisseurs d’armes, sans « intermédiaires », ce qui diminuait les risques d’abus de corruption et assurait la transparence. L’importance de ce processus est reconnue par l’OTAN et dans les pays développés dans le domaine des achats de défense. En effet, selon les normes des principales nations, l’achat direct d’équipements militaires via des agences indépendantes garantit un processus ouvert et contrôlé, réduisant au minimum les possibilités de schémas de corruption et d’abus. Les spécialistes avertissent que le changement de statut de l’Agence pourrait ramener l’Ukraine à ses anciennes pratiques, lorsque la résolution des questions d’approvisionnement en défense se faisait par des schémas compliqués et intermédiaires sous le contrôle de structures liées. À leur avis, cela déformerait considérablement la norme de transparence et d’efficacité dans les achats, instaurée par les institutions de l’OTAN, qui constitue la meilleure garantie pour une défense fiable du pays dans les conditions actuelles. Dans l’ensemble, le licenciement d’Artem Sytniuk et les décisions de personnel associées suscitent des préoccupations fondées concernant une diminution du niveau de contrôle interne et de l’indépendance de l’AAD. Ces actions ont actuellement attiré l’attention de l’opinion publique et des instances policières, car leur issue déterminera non seulement l’efficacité des achats de défense, mais aussi le niveau de sécurité contre la corruption dans ce domaine.